Abdallah Benanteur

1931 (Mostaganem, Algérie) / 2017 (Ivry-sur-Seine)
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Dans le célèbre roman de l’an mil Le Dit du Gengi, entre les chapitres XVI et XVII, Murasaki Shikibu fait disparaître dans les nuages le prince Gengi, oblitérant son entrée en religion et sa mort prochaine. À l’instar du prince japonais, le peintre algérien Benanteur n’a pas totalement disparu à la fin de l’année 2017 mais, à l’image des élus qui cherchent à s’annihiler en Dieu, sa peinture s’est fondue en lumière derrière les nuages. Comme dans la mystique soufie, la vision douloureuse d’un monde de haute pensée que ce solitaire n’a jamais cessé de peindre toute sa vie, du désert au jardin, aspire au néant. De santé fragile, le jeune Abdallah a découvert la peinture au lit (comme Matisse), tirant profit de ses lectures pensives en les confrontant aux splendeurs de la nature algérienne. Se liant d’amitié, à l’âge de quinze ans, avec Mohammed Khadda, autodidacte et futur chef de file de l’école des Peintres du Signe (à laquelle Benanteur demeurera étranger), le jeune homme, qui n’a pas encore pris le nom de Benanteur et s’appelle Ben Antar – comme le héros préislamique –, va peindre en l’ardente compagnie de son ami dans les environs de Mostaganem, au pied du Dahra, ce massif calcaire tourmenté du Petit Atlas qui va s’abîmant dans la mer. Peut-être parce que, comme le remarquait Assia Djebar, « l’enfance finit trop tôt dans les pays du soleil », Benanteur gardera toute sa vie une infinie nostalgie de ses jeunes années.



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Issue 83


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