La beauté pour sacerdoce


Dominique Ponnau
Éditions des presses de la renaissance


Après avoir écrit de beaux textes sur l'art (Caravage, une lecture, éd. du Cerf, 1993; Figures de Dieu, la Bible dans l'art, éd. Textuel, 1999), Dominique Ponnau nous livre, là, un livre très personnel, pour ainsi dire inclassable, où une réflexion sur la foi est entremêlée de souvenirs de jeunesse et de propos inspirés sur l'art, la poésie et la musique. Imprégné de culture classique, possédant le grec et le latin, ayant une connaissance étendue des chefs-d'oeuvre de l'art occidental (il dirigea l'École du Louvre durant vingt-quatre ans), voyageur et visiteur assidu des grands musées comme des humbles églises, il est aussi un mystique catholique qui dévoile entre les lignes son parcours de “croyant, agnostique, incroyant, agnostique, croyant”, vécu au cours de sa vie. Devant la beauté de la nature – comme celle de la lande bretonne, pays de son enfance – celle des oeuvres d’art – comme le Christ au Mont des Oliviers de Van Dyck, la Bethsabée de Rembrandt, la Pietà de Villeneuve-lès-Avignon, Les larmes de saint Pierre du Guerchin, Les bergers d’Arcadie du Poussin – devant la beauté ineffable de la musique – comme la Messe en si mineur de Bach, La flûte enchantée de Mozart – ou de la poésie de Pétrarque, du Tasse, de Racine ou de Baudelaire, devant la beauté des textes bibliques, Dominique Ponnau éprouve la “béance” originelle de l’invisibilité de Dieu. Mais n’est-ce pas à cause d’elle que l’homme se tend vers Dieu? Cette beauté-vérité est-elle de source divine, se demande-t-il? D’une écriture lyrique et passionnée, parfois proustienne dans les méandres de ses interrogations, il exprime la poignance de ce doute ontologique qui parcourt le livre. Mais sa foi se conforte sans cesse de son désir même de la présence divine, en la personne du Christ et du paraclet, le Saint-Esprit de la grâce, qui anime justement le sentiment de la beauté. “L’espérance me paraît une fleur théologale souvent épanouie sur le terreau psychologique du désespoir.”, écrit-il. Et le réconfort dû au lecteur se manifeste souvent dans des commentaires admirables, voire des exégèses, de scènes évangéliques, comme l’analyse des mots célèbres prononcés par le Christ à Marie-Madeleine, “Noli me tangere”, qui ont inspiré tant de peintres. Se référant aux trois ordres de Pascal dans les Pensées, où l’ordre des coeurs, c’est-à-dire celui de la charité, surpasse celui des corps et des esprits, Dominique Ponnau fait une large place aux signes tangibles de l’amitié, manifestés par exemple dans ses rencontres avec des prêtres ou des artistes contemporains. Manifestations de l’amour où entre également de la beauté, comme dans le sourire d’un enfant. “Je crois que Dieu... intimement habite tout et me donne pour vocation celle de L’y reconnaître et de murmurer, en ce monde où Il se dévoile et se cache, Sa Présence et Son Absence en même temps.”

Anne Dagbert

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