Pari audacieux que celui du retour à la figuration comme transgression ultime de la tradition esthétique. Figuration donc, mais à l'instar de ses contemporains abstraits, ce n'est pas tant la représentation sinon la puissance d'une perception esthétique sans détours que recherche Gérard Garouste, artiste français majeur de notre siècle. Ses personnages, figures mythologiques, « Classiques » ou « Indiens », semblent être les ingrédients incontournables d'histoires sombres et pesantes, des archétypes signifiants, des éléments d'un ensemble les transcendant. Mais sur toile ou sur lin, à l'huile ou à l'acrylique, Gérard Garouste entremêle les jeux de code et les niveaux de lecture et empêche toute pensée rationnelle de s'exprimer avec cohérence ; et tel un prestidigitateur il tire les ficelles de notre inconscient et défait les certitudes de nos représentations. Car si fil d'Ariane il y a dans son oeuvre, celui-ci ne peut se situer qu'au-delà de la narration linéaire, dans un message à portée universelle.

Justine Morvan

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