Disposant d’un fonds précieux d’œuvres d’Anselm Kiefer, datant de ses années de jeunesse jusqu’à aujourd’hui, le musée Würth en organise la présentation au public en son sein. S’étant profondément interrogé au début de sa carrière, dans les années 1960-70, sur sa propre germanité, et par extension celle de son œuvre, Anselm Kiefer médite dans son œuvre l’annexion de la culture par la barbarie, en l’occurrence celle des nazis. Se référant de manière explicite à une symbolique ésotérique et cultivée, les sculptures de plomb figurant des livres brulés, les paysages clos, les représentations de batailles historiques ne négligent pour autant pas l’effet direct qu’ils peuvent susciter chez le spectateur : leur densité construite à partir de l’accumulation de matériaux divers est à l’image de ce qui, chez Kiefer, est le terreau de l’œuvre, soit l’Histoire, la cartographie, les archives.
T.L.