Rejetant l’« ironie à tout prix », Esser s’enorgueillit d’y avoir la première prise de vue d’un coucher de soleil, un sentimentalisme tabou dans l’école. Si ses premiers projets lui ont fait traverser la France, des jardins de Monet à Giverny à Sérignan, pour saisir une image archétypale d’une France très XIXe siècle, Morgenland renvoie à l’Orient – et plus encore à l’orientalisme des premières missions photographiques au Levant. Entamé en 2004-05 au Liban, ce projet s’est prolongé en 2011 en Égypte, où Elger Esser a posé son appareil à bord d’un bateau vieux de plus d’un siècle, et en 2015 en Israël. Dans ces tableaux photographiques, ruines de Saïda, de Tyr ou du désert du Neguev et vues pâles de la côte libanaise ou des rives du Nil se fondent dans une même temporalité dissolue.


Extrait de l'article de Tom Laurent,publié dans le N°89 de la revue Art Absolument. Parution le 19 juillet 2019

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