Le charbon de bois, devenu son matériau de prédilection, transite tout comme lui entre Extrême-Orient et Occident. Coréen, arrivé à Paris il y a 25 ans, Lee Bae fait en effet venir cette matière première des montagnes de sa terre natale. De fait, sa pratique s’enracine dans les croyances et traditions coréennes, où le fagot de charbon pendu à la porte d’une maison indique une naissance. Mettant en relief profondeur et matière par un mélange maitrisé de poudre de carbone et d’acrylique, Lee Bae donne vie à un noir organique, « qui contient et absorbe toutes les nuances de couleurs ». Sous le commissariat d'Henri-François Debailleux, Lee Bae a donc investi murs et jardins de la Fondation Maeght, adaptant ce matériau à l’architecture moderniste du lieu. Mais cette expression de vitalité annonce également le retour de chacun à la poussière. Le geste que l'artiste répète à l'infini avant de l'exécuter sur la toile semble devenir celui du temps qui passe. Traçant cette calligraphie, l'artiste affirme lui-même : « toutes ces formes d'écritures sont les mémoires de mon corps ».

Delphine Alexandre