Clinamen, Cadastre et Poursuite des nuages, exposés à la galerie Catherine Putman, sont des tentatives d’écriture spontanées très différentes. Elles me confrontent à une prise de risque plus grande, par le fait qu’elles se réalisent dans l’instant sans idées préconçues ; ce sont les lignes d’une traduction du trajet visuel en tracé manuel. Le paysage qui a été à l’origine de ma vocation fait à présent retour dans une pratique graphique où il s’agit de laisser advenir le dessin que Paul Valéry a défini comme « élément instantané de souvenir ». Les dessins À la poursuite des nuages enregistrent les variations de leurs transformations, traduites en lignes d’un paysage atmosphérique. Clinamen avait au départ un titre emprunté à Fernand Deligny, Lignes d’erre, dont la pratique graphique expérimentale consistait à enregistrer chaque jour sur des calques superposés le déplacement d’enfants autistes, pour découvrir par recoupement des lignes l’indice possible du traumatisme. Dans la série Clinamen, les entrelacs de lignes et de points évoquent le mirage des invisibles trajectoires des particules dont on ne perçoit pas la matérialité, mais seulement le sillage.

Entretien par François Jeune
Publié dans le N°82 de la revue Art Absolument.
Parution le 23 Mars 2018

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