Dans les gravures de Damien Deroubaix, œil de la Providence, motifs pyramidaux, squelettes, démons et chaises de torture médiévales composent un vocabulaire grinçant, volontiers ésotérique. Car pour l’artiste, notre époque ne l’est pas moins. En télescopant ces motifs et des références plus contemporaines, il aborde les thèmes « de la vanité, du rapport à la mort, au pouvoir, à l’argent, bref, à tout ce qui oppresse », dit-il. Dans World Downfall Part II, une gravure sur bois colossale rehaussée à l’aquarelle, Deroubaix met en scène un monde désenchanté dans une course effrénée : un squelette chevauchant un cheval amaigri côtoie une figure de harpie monstrueuse quand, au loin, un réseau de câbles électriques et de fils barbelés participe à cette ambiance apocalyptique. En regard d’une centaine de ses estampes réalisées entre 1996 et 2016, le Centre de la Gravure et de l’Image imprimée expose des gravures plus anciennes de Dürer, Ensor ou encore Picasso, dont la noirceur commune a marqué l’artiste dès le début de sa carrière.

William Touitou
Publié dans le N°81 de la revue Art Absolument.
Parution le 2 février 2018

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