Grâce à une vingtaine d’œuvres papier, la galerie Jean Fournier donne à voir dix-huit années du travail de Kimber Smith. De ses compositions, aux lignes et aux gestes épurés, se dégage une forme de fluidité, de liberté créatrice. Si à ses débuts, il utilise de nombreux aplats de couleurs opaques, il intègre peu à peu des éléments plus organiques dans ses compositions, rentrant dans une formalisation et une géométrisation par le biais de motifs épurés et récurrents. L'énergie gestuelle que dégage ses peintures contraste avec la matérialité qu'introduisent le pinceau et les tons saturés, conférant alors aux œuvres, selon Simone Weil, « la pesanteur et la grâce ». Chacune de ces toiles est une traque, une course poursuite, le peintre cherchant à « débusquer » ce qui se cache derrière le papier blanc. Cette approche intuitive se rapproche en cela du concept d' « instant décisif » de Cartier-Bresson. Par ailleurs, l'originalité et la simplicité des techniques, comme le marqueur, la bombe de peinture, sont renforcées par la présence de sa signature. En effet, celle-ci, de taille exagérée et faite au crayon de papier, est un élément constitutif du tableau, placé en évidence. L'artiste montre alors l’ambiguïté de ce symbole, ici tant formel que fonctionnel.

Article de Marie-Astrid Vandesande

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