L'auteure de Sitt Marie-Rose (1977), dont l’œuvre peinte, toute en perceptions éblouies, jouit d'une reconnaissance depuis si peu de temps, tient à le rappeler : « L'abstraction en art équivaut à mon expression poétique ; je n'avais pas besoin d'employer des mots, mais des couleurs et des lignes. Je n'avais pas besoin d'appartenir à une culture guidée par le langage, mais à une forme d'expression ouverte. » Dès les années 1960, de retour aux États-Unis après un premier séjour à Paris, les leporellos qu'elle entache d'une calligraphie spontanée reprenant des poèmes en arabe participent de cette transfiguration du sens en présence graphique. Ses petites peintures d'alors avouent leur dette à Nicolas de Staël, avec leurs superpositions de couleurs maçonnées, leurs contrastes sourds, comme à Klee, dont elles semblent affirmer la leçon proférée dans sa traduction toute personnelle de l'essai Sur la lumière de Delaunay : « La nature est pénétrée d'une rythmique d'une irrépressible diversité. »

Extrait de l'article de Tom Laurent publié dans le N°63 de la revue Art Absolument: parution le 15 janvier 2015

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