Suite au traumatisme de la guerre au Vietnam, les nouvelles générations d’artistes qui en sont originaires n’éradiquent pas cette ombre du passé mais y puisent afin de la dépasser en invoquant la vie. Huit artistes vietnamiens contemporains veulent ainsi rétablir une vision juste de la mémoire collective en mettant à bas les préjugés historiques et les fantasmes, notamment liés au tourisme, qui affectent la vision de leur pays. Œuvrant à la manière d’archivistes ou d’archéologues, ces artistes interrogent la charge de vérité des représentations. Se servant du caractère foncièrement visuel du mouvement physique, ils saisissent les effets de cette conscience latente de drames dont il ne reste pas forcément de traces tangibles : Dinh Q Lê se fait ainsi l’écho du déracinement dans sa vidéo Erasure. Nguyen Huy An aborde les relations d’interdépendance entre les hommes qui, pour survivre, appellent au rassemblement. Dans Landscape Series, Nguyen Trinh Thi vise à documenter par l’ostentation du geste une histoire qui s’est produite et qui est encore brûlante dans les pensées. Chorégraphies suspendues confine à l’autopsie, celle du regard d’artistes révélant les bribes de la mémoire collective et individuelle.

Clarisse Russel

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