[...] Victuaille putréfiée et victime sacrifiée, Dalí se fait artiste de foire, performeur de sa propre existence, entre Buster Keaton et Mandrake le Magicien. La peinture des années 20 du jeune Dalí, qui traverse à la vitesse de la lumière à peu près tous les styles, de l’impressionnisme au purisme en passant par le cubisme, le futurisme, la nouvelle objectivité et jusqu’au retour à l’ordre classique, annonce pourtant avec une maestria invraisemblable tous ses excès à venir, sa reconquête de l’art moderne par l’art pompier de Meissonnier, le secret érotique et morbide caché dans L’Angélus de Millet, la touche invisible de Vermeer ou la beauté d’un champignon atomique. Pratiquant tous les styles avant de posséder le sien, Dalí est celui qui va pervertir et prolonger le surréalisme en l’imbibant de pointillisme, de tachisme, d’action painting, de pop et d’op art, d’hyperréalisme ou d’art digital. [...]


Extrait de l'article d'Emmanuel Daydé publié dans le N°52 de la revue Art Absolument, parution le 8 janvier 2013.

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