Dans la lignée des artistes de l’École de New York et notamment de l’américain Mark Rothko, Sean Scully, Gotthard Graubner et Lawrence Carroll se réapproprient la couleur dans des œuvres monumentales où la planéité de la surface peinte est confrontée à la profondeur du « champ coloré ». Si les trois artistes contemporains procèdent différemment dans l’utilisation de la couleur, tous tentent de retranscrire par le pigment des évènements personnels pour amener le visiteur à la méditation, rejoignant ainsi les préceptes du père du colorfield dont ils revendiquent la filiation. Dans les toiles polychromes de Sean Scully, la couleur est compartimentée en aplats rectangulaires, symboles d’une série d’évènements et de personnes importantes pour l’artiste qui retranscrit ses émotions sur la toile. Pour plonger les spectateurs dans les profondeurs de la couleur, Gotthard Graubner capitonne ses toiles avec du coton. Appliqués en couches successives les différents pigments imprègnent le tissu et offrent des effets inédits à la matière. À la frontière entre sculpture et peinture, l’abstraction et la figuration, les œuvres blanches de Lawrence Carroll allient peintures et objets détériorés du quotidien, qu’il colle à même la toile. Ces traces de vie empreintes de mystère amènent, elles aussi, le visiteur à méditation.

Pauline Mirete