En parallèle avec l'installation de Bernar Venet dans les Jardins du Château de Versailles, six sculptures monumentales sont exposées dans le parc de la Fondation Poppy et Pierre Salinger, au cœur même de sa terre natale, la Provence. Ces sculptures composées d’arcs en acier Corten mettent en espace les degrés qui à la fois les définissent et les composent. De façon presque automatique, Venet dessine ces formes rigoureuses et sobres de manière intuitive. Ces constructions, quasi-architecturales de par leur monumentalité, frappent par leur précision géométrique. Chez Bernar Venet, rien n’est laissé au hasard : il défie consciemment la gravité, et recherche une sorte d’équilibre de l’arabesque. Certaines formes peuvent laisser au spectateur le soin d’y voir une sorte de mysticisme ambivalent, dans l’aspect totémique qu’elles revêtent, et font ainsi songer à une sorte de langage, de calligraphie ancienne et mystérieuse, tandis que l’apparition progressive de la rouille sur ses œuvres constitue un phénomène organique, qu’il apprécie. L’œuvre de l’artiste aborde l’une des problématiques capitale de la sculpture, notamment celle du rapport au corps et à l’espace. Ainsi, toute l’habileté de Venet réside dans sa manière de concevoir l’environnement, avec lequel l’œuvre ne cherche pas à entrer en compétition, mais plutôt à le sublimer.

Chloé Savart